Décollage
Perte de profondeur sur Morane Paris
Analyse
Le vol de contrôle de qualification, supervisé par la DGAC, se transforme peu après la rotation au décollage, en une situation extrêmement critique : plus de contrôle de la gouverne de profondeur au manche.
L’équipage se recompose spontanément, de candidat et examinateur supervisé, en pilotage à deux pour faire face à une nouvelle donne.
Les pilotes vont d’abord agir comme ils y ont été préparés. L’approche procédurale permet d’épargner des ressources cognitives. La procédure de déroulement de trim, consiste à couper l’alimentation électrique du compensateur de régime. Main sur le disjoncteur, le pilote cherche encore la reprise du contrôle dans l’état des choses. Pas d’effort dans le manche, ce n’est pas un déroulement de trim ! Et c’est même le trim qui va permettre de retrouver une trajectoire ascendante.
La situation est contrôlée, comment l’optimiser ? Par la réduction des trainées et la rentrée du train, mais en restant dans la configuration des volets décollage pour limiter la charge de travail. Le contrôle de la profondeur au trim est très lent. Les pilotes recherchent de 120 nœuds, c'est la vitesse de meilleures performances sur un moteur, sait-on jamais !
Une action à la fois et un partage des tâches structuré, permettent aux pilotes de retrouver des états successivement stables, et de la disponibilité pour se projeter dans la poursuite du vol.
La prise en compte du risque météorologique, et l’incertitude sur les causes du dysfonctionnement poussent l’équipage à décider le retour sur le terrain de départ.
Quelle configuration retenir pour l’atterrissage ? Avec quelles performances ? Une remise des gaz est-elle envisageable, à quelles conditions ? La limite est fixée à 200 pieds. Quelle sera la répartition des tâches vu l’accessibilité des commandes ? Volets, trim, train, gaz et aérofreins !
L’évacuation de la machine est préparée.
Après une très longue finale, et un rebond dû à la lenteur du trim pour réaliser l’arrondi, c’est une sortie volontaire à gauche de la piste qui permet l’arrêt de la machine avant les antennes du LOC.
Récapitulatif
Quelles sont les qualités du pilote pour faire face à une situation critique ?
Le sang froid, la recherche et la détermination de ce qui est possible en l’état. Avant toute action, il faut se poser la question : "est-elle réversible ?"
Une Approche structurée : La priorisation des tâches, à commencer par le maintien dans le domaine de vol, puis une trajectoire adaptée à la situation, l'application des procédures, mais pas sans réflexion, d'où l'importance de la coordination de l'équipage si elle est possible, l'information du service d’alerte, l'information des passagers éventuels.
L’anticipation est essentielle : La projection doit se faire dans l’avenir à très brève échéance, et chronologiquement, méthodiquement, jusqu’à la fin du vol.
La détermination de limites est cruciale ! Ce sont des garde-fous et des critères de décision.
Le pilote, sous pression temporelle, doit être dans une démarche hyper active d’analyse de la situation, des facteurs critiques, et de recherche de solutions, tout en évaluant leurs conséquences, avant de les appliquer.
Lorsque les procédures anormales et d’urgence sont réalisées, il faut poursuivre sur les procédures normales, par exemple, Check-Liste avant atterrissage.
Les anglophones ont un mot qui représente l'attitude qui permet de réaliser tout cela : « Airmanship ».